Les agriculteurs et les professionnels de l’agrochimie sont en première lignes pour l’exposition aux pesticides. Ils manipulent régulièrement en quantité importante ces substances potentiellement dangereuses pour l’homme. En raison de leur caractère toxique, l’exposition à ces substances chimiques peut conduire à l’apparition de maladies. Cependant sans analyse biologiques, la démonstration de l’exposition reste difficile à démontrer et la reconnaissance en maladie professionnelle est d’autant plus délicate à établir.
Comment démontrer son exposition aux pesticides ?
La détection d’une substance dans une matrice biologique atteste avec une forte probabilité l’exposition à cette substance. En fonction de la matrice biologique choisie, les composés parents (principe actif) ou les métabolites (produit parent transformé par l’organisme) seront recherchés. Seule une recherche de pesticides dans une matrice biologique peut permettre de démontrer son exposition aux produits phytosanitaires.
Le sang et l’urine constituent les matrices biologiques de référence. Cependant, elle permettent uniquement de mesurer une exposition aiguë et les prélèvements doivent être réalisée dans les heures qui suivent l’exposition. Pour le sang et l’urine, les fenêtres de détection (temps pendant lequel la substance peut être détectée) sont courtes et la logistique (préparation et transport des échantillons) est contraignante et coûteuse. De plus, leur prélèvement peut être délicat à réaliser notamment pour le prélèvement sanguin (personnel médical et matériel spécifique). Les échantillons sanguins et urinaires sont congelés, transportés au laboratoire et analysé dans les meilleurs délais car il s’agit de d’échantillons biologiquement actifs.
L’analyse des échantillons sanguins porte habituellement sur les produits parents et les métabolites alors que l’analyse des échantillons urinaires porte essentiellement sur les métabolites. Les métabolites peuvent être communs à plusieurs substances actives et dans ce cas, il est difficile d’identifier avec certitude le composé parent.
L’intérêt des cheveux pour l’évaluation de l’exposition aux pesticides
Depuis 2011, Kudzu Science a développé des méthodes d’analyse permettant d’évaluer l’exposition humaine aux pesticides par l’analyse de cheveux. Les analyses de cheveux sont utilisées depuis de nombreuses années en médecine légale pour l’évaluation d’une intoxication et/ou de la consommation de stupéfiant(s).
Ce type d’analyse présente de nombreux avantages pour la surveillance de l’exposition, notamment la facilité de réaliser un prélèvement et des conditions de transport peu contraignantes (enveloppe postale et température ambiante), mais également en raison de sa fenêtre de détection étendue. En effet, les substances présentes dans la circulation sanguine s’incorporent dans le structure des cheveux au moment de leur synthèse au niveau de la racine. Une fois formé, les cheveux sont biologiquement inactif.
Comme les cheveux poussent en moyenne de 1 cm par mois, chaque centimètre renseigne sur l’exposition moyenne sur une période de 1 mois. Ainsi l’analyse des 3 premiers centimètres à partir du cuir chevelu renseignent sur les 3 derniers mois d’exposition. Par ailleurs, l’analyse segmentaire de chaque centimètre de cheveux permet de dresser un histogramme de l’exposition.
Le cheveu est une matrice biologique inactive, c’est-à-dire qu’elle ne présente plus d’activité biologique. En conséquence, les substances fixées dans les cheveux bénéficient d’une stabilité accrue dans le temps comparé à celles dans le sang et l’urine. Les prélèvement de cheveux peuvent donc être conservés pendant une longue période avant l’analyse ou la réanalyse.
Exposition chronique vs. exposition aiguë
Il est important de distinguer l’exposition aiguë et l’exposition chronique.
L’exposition aiguë correspond à une exposition ponctuelle à une dose généralement importante. C’est le cas de l’exposition des utilisateurs pendant la manipulation de pesticides ou un épandage de produit phytosanitaire.
L’exposition chronique correspond à une exposition à une dose faible mais continue ou répétée dans le temps. C’est la cas de l’exposition des populations aux polluants organiques persistants (Poly-Chloro-Biphenyls PCB), des plastifiants (phtalates, bisphénols) et des pesticides omniprésents dans notre environnement quotidien (alimentation, eau, air intérieur et extérieur).
Etant donné les fenêtres de détection, le sang et l’urine sont plutôt destinés à évaluer une exposition récente et seront utilisés principalement pour l’évaluation d’une exposition aiguë ou récente.
L’analyse de cheveux porte sur une fenêtre de détection beaucoup plus large et renseigne sur une valeur moyenne d’exposition. Cette exposition peut résulter d’une exposition chronique, d’une exposition aiguë ou d’une combinaison des deux.
A quel moment réaliser une analyse de cheveux ?
Les demandes d’agriculteur et de professionnels en contact avec les pesticides, pour réaliser une analyse de cheveux, sont de plus en plus nombreuses. Malheureusement, ces demandes interviennent bien souvent trop tard, une fois que la maladie est déclarée. Dans ces conditions, l’exposition est trop ancienne pour être décelée, même avec une analyse de cheveux.
Pour disposer d’informations pertinentes sur l’exposition aux pesticides, il est nécessaires de réaliser des mesures régulièrement, c’est-à-dire au moins une fois par an.
La période d’étude la plus judicieuse est en premier lieu celle de l’épandage et des manipulations de produits phytosanitaires qui correspond à l’exposition la plus importante. Pour les professionnels, il s’agit d’une période pouvant aller de mars à septembre.
En raison de la fenêtre de détection de l’analyse de cheveux et des périodes de traitement:
> Un prélèvement de 3 cm de cheveux réalisé mi-Juin permet d’évaluer l’exposition durant une période qui s’étend de début Mars à début Juin.
> Un prélèvement de 3 cm de cheveux réalisé mi-Juillet permet d’évaluer l’exposition durant une période qui s’étend de début Avril à début Juillet.
> Un prélèvement de 3 cm de cheveux réalisé mi-Août permet d’évaluer l’exposition durant une période qui s’étend de début Mai à début Août.
> Un prélèvement de 3 cm de cheveux réalisé mi-Septembre permet d’évaluer l’exposition durant une période qui s’étend de début Avril à début Septembre.
Quels pesticides rechercher?
Les principes actifs de produits phytosanitaires utilisés sont différents en fonction du type de culture. Kudzu Science a établi des listes de pesticides spécifiques utilisés pour la culture des vergers (Pomiculture), des vignes (Viticulture) et des céréales (Céréaliculture) ou plus généralement en agriculture.
Il est également possible d’établir une liste sur mesure des pesticides utilisés spécifiquement. Pour ces demandes, il est nécessaire de contacter le service client de Kudzu Science.