Perméthrine, cet invité embarrassant !

La perméthrine est un pesticide ayant des propriétés insecticides de la famille des pyréthrinoïdes. Les campagnes de mesure réalisées par l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) et par l’association Générations Futures, confirment que cette substance chimique est présente dans 100% des échantillons de poussière prélevés dans les logements Français, qu’ils soient situés en milieu urbain ou agricole. Est-ce que cette situation présente un risque pour la santé humaine? Que faire pour se débarrasser de cet invité peu recommandable?

Le pyrèthe de Dalmatie et certains chrysanthèmes produisent naturellement des molécules chimiques ayant des propriétés insecticides. Il s’agit des pyréthrines naturelles (pyréthrines, jasmoline et cinérine), identifiées pour avoir des propriétés neurotoxiques chez les insectes en ciblant leur système nerveux.

S’inspirant de la nature, l’industrie agrochimique a développé une famille de molécule de synthèse analogues chimiques des pyréthrines naturelles: les pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes les plus courant sont: l’alléthrine, la bifenthrine, la perméthrine, la tétraméthrine, la cyhalothrine, la cyperméthrine, la deltaméthrine.

Ces molécules de synthèse sont des pesticides plus efficaces. Elles présentent une activité insecticide plus importante que leurs homologues naturels et sont utilisés à la fois pour des applications domestiques, professionnelles et vétérinaires. Cependant, depuis 2000, l’utilisation de la perméthrine est interdite en agriculture. L’utilisation dans les jardins et les applications vétérinaires restent aujourd’hui autorisées.

Dans les préparations commerciales, les pyréthrinoïdes sont associées au piperonyl butoxyde qui est un synergisant, c’est-à-dire une substance qui démultiplie les effets du principe actif.

Quelles sont les utilisation de la perméthrine ?

En dehors des utilisation agricoles, la perméthrine est utilisé sur l’homme dans des shampoings et des lotions anti-poux. Elle est également utilisée pour un usage vétérinaire sur les animaux domestiques pour le traitement des tiques et des puces. Ce traitement est uniquement préconisé pour les chiens.  En effet, les pyréthrines sont toxiques voire mortelles pour les chats.

La principale utilisation reste la lutte contre les insectes: guêpes, frelons et moustiques, avec des applications par sprays (bombes insecticides sous pression) spirales et diffuseurs. L’utilisation en intérieur de diffuseur de pesticide contamine l’ensemble de l’environnement intérieur: surfaces (sol, meubles, aliments …), les tissus (vêtements, mobiliers) et mousses d’ameublement.

Enfin, la perméthrine est souvent appliquée sur les housses et matelas antiacariens afin d’éviter et de limiter leur présence.

Quels sont les effets toxiques et toxicologiques de la perméthrine ?

La dose journalière admissible pour la perméthrine est de l’ordre de 0,05 mg/jour/kg de masse corporelle, ce qui ne classe pas cette molécule parmi les substances les plus toxiques (toxicité modérée). Pour un homme de 80 kg, cela représente 4 mg/jour.

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe la perméthrine dans le groupe 3 des substances « inclassables quant à leur cancérogénicité pour l’homme ».

L’Université de Hertfordshire (Pesticides Properties DataBase PPDB) indique que la perméthrine est une substance neurotoxique ayant également des effets sur la reproduction et le développement.

Selon TEDX (The Endocrine Disruption Exchange), plusieurs articles scientifiques publiés dans des revues à comité de lecture montrent que la perméthrine présente des propriétés de perturbation du système hormonal humain (perturbateur endocrinien). Cela signifie que ce polluant est capable de perturber le système hormonal dès l’exposition à de faibles de doses. Par ailleurs, une exposition à cet insecticide pendant la grossesse et pendant les deux premières années de vie de l’enfant sont particulièrement critique.

Enfin, rappelons que les propriétés toxicologiques des substances chimiques sont testées sur le principe actif seul. En conditions réelles, nous sommes exposés à de multiples substance chimiques. En effet, la perméthrine est généralement associée au piperonyl butoxyde et les habitations contiennent un grand nombre d’autres pesticides et de substances chimiques diverses (résidus de combustion, plastifiants, retardeurs de flamme …). En conséquence, des effets cocktails ne sont pas à exclure.

Comment limiter son exposition à la perméthrine?

La présence de perméthrine dans la poussière des habitations induit une exposition des occupants principalement par inhalation. Pour limiter cette exposition, il est nécessaire de limiter la présence de poussière dans l’environnement intérieur, et en particulier des particules fines.

La première action à mettre en place est d’éviter l’utilisation de pesticides dans l’environnement intérieur. En effet, l’étude de Générations Futures a permis de montrer qu’ils sont présents pendant plus de 6 mois après la première campagne de mesure. Concernant les housses et matelas anti-acariens, il convient de vérifier avec quelle substance ils ont été traités.

Ensuite, il est recommandé de passer régulièrement l’aspirateur. Pour être efficace, l’aspirateur doit être équipé d’un filtre HEPA. Ce filtre HEPA doit être de la plus haute efficacité possible et ce filtre doit être nettoyé et changé régulièrement afin de garantir le maintien de son efficacité.

Il est généralement possible de recourir à des systèmes actifs de traitement de l’air intérieur. Ces systèmes doivent être équipés au minimum de filtre HEPA. Des systèmes de filtration de l’air par bullage dans l’eau peuvent être utilisés.

Comment tester si son environnement intérieur contient des pesticides?

Le laboratoire Kudzu Science a développé une gamme de kits d’analyse permettant d’évaluer la contamination de l’environnement intérieur par les pesticides sur un prélèvement de poussière.

Le prélèvement de poussière est très simple à réaliser. Le kit contient un filtre à fixer sur le tuyau de son aspirateur avec lequel il suffit d’aspirer la poussière déposée au sol dans la pièce à analyser.

Le filtre est ensuite envoyé au laboratoire pour être analysé. Les résultats sont présentés dans une rapport d’analyse contenant des informations sur les pesticides détectés dans le prélèvement de poussière.