Perturbateurs endocriniens et exposition des adolescents : le Réseau Environnement Santé, en partenariat avec Kudzu Science et la Région Ile de France, ont mis en place cette étude unique avec des lycéens de la région. Leur exposition aux perturbateurs endocriniens pourra ainsi être mesurée grâce à des bracelets portés pendant une semaine.
L’indispensable rôle des hormones
Pour bien comprendre la situation, faisons un premier point sur les hormones et leur rôle absolument primordial dans le bon fonctionnement de l’organisme.
Les hormones sont des substances chimiques produites par certains organes (glandes endocrines) qui forment le système endocrinien. Parmi ces organes, on retrouve : l’hypophyse, la thyroïde, le pancréas, les glandes surrénales, ou encore les appareils génitaux (testicules et ovaires). Suite à une stimulation, ces organes produisent des hormones qui circulent principalement dans le sang et se diffusent dans l’organisme vers les cellules cibles. Elles font office de messagers chimiques et sont présentes à de très faibles concentrations dans le sang. Elles induisent donc une action sur l’organisme à de très faibles doses.
Ce mécanisme fonctionne, de façon très simplifiée, comme un jeu d’association de formes : si la structure géométrique de la molécule hormonale permet une liaison avec les récepteurs d’une cellule, la liaison se fait et induit une réaction dans le fonctionnement de la cellule en question. Si la liaison n’est pas possible, l’hormone n’a pas d’effet sur l’organe.
Citons l’exemple des hormones les plus connues, les hormones thyroïdiennes (T3 et T4) produites par la thyroïde, qui ont une action sur toutes nos cellules et permettent de réguler notamment la température corporelle. Un autre exemple : les hormones sexuelles (principalement la testostérone et l’œstradiol) sont nécessaires pour le développement embryonnaire et fœtal des organes génitaux. Le taux d’œstradiol permet la régulation du cycle hormonal. De façon générale, les hormones interviennent également dans le sommeil, la croissance, la reproduction, le stress, ou encore l’humeur.

Le problème des perturbateurs endocriniens
Une molécule est considérée comme perturbateur endocrinien lorsqu’elle a une action nocive sur le fonctionnement hormonal normal de l’organisme. Les perturbateurs endocriniens peuvent agir sur la production, le transport et l’action des hormones.
Les sources de perturbateurs endocriniens dans notre environnement quotidien sont multiples : dans l’environnement intérieur de bâtiments, dans l’eau, dans l’alimentation, dans les produits cosmétiques … et ils appartiennent à de nombreuses familles chimiques : plastifiants (phtalates, bisphénols), pesticides (herbicides, insecticides, fongicides), retardateurs de flamme (PCB, PBDE), conservateurs …

Les mécanismes d’action des perturbateurs endocriniens ne sont pas encore totalement élucidés. L’un de leurs mécanismes d’action identifié est la capacité de mimétisme des hormones naturelles. Ainsi, les perturbateurs endocriniens peuvent mimer l’action des hormones naturelles, ou encore bloquer leur action en se fixant sur les récepteurs hormonaux associés et empêchant ainsi l’hormone de délivrer son message. Ils peuvent aussi gêner ou bloquer les processus de production et de régulation des hormones .
Tout comme les hormones qui sont présentes en très faibles concentrations dans l’organisme, les perturbateurs endocriniens sont actifs même à très faibles doses. Certains étant bioccamulables, ils sont persistants dans l’organisme et peuvent même se transmettre sur plusieurs générations (de la mère à l’embryon).
Tout se complique encore avec « l’effet cocktail » : une exposition à un mélange de substances chimiques produit plus d’effets que l’addition des effets de chacune des substances.
En résumé, les perturbateurs endocriniens perturbent le fonctionnement normal du corps et sont fortement suspectés de provoquer de nombreux troubles de la santé, comme :
- Infertilité
- Puberté précoce
- Obésité
- Maladie thyroïdiennes
- Malformations congénitales
- Troubles de l’immunité
- Développement de certains cancers
- Troubles neurologiques et comportementaux
La sensibilité aux perturbateurs endocriniens varie au cours de la vie, mais elle est la plus grande durant les premières étapes de la vie : périodes embryonnaires, fœtale, la petite enfance, et enfin la puberté.

Campagne de sensibilisation auprès de jeunes élèves
Le Réseau Environnement Santé, en partenariat avec Kudzu Science et la Région Ile de France, organise une campagne de sensibilisation auprès de lycéens de la région. La campagne a commencé par plusieurs présentations informatives sur les perturbateurs endocriniens et leurs effets sur la santé.
Dans une seconde étape, des bracelets en silicone ont été distribués aux lycéens et portés pendant une semaine. Ces bracelets permettent de piéger les composés auxquels les élèves seront exposés quotidiennement.

Les bracelets en silicone sont récupérés et envoyés au laboratoire pour être analysés afin de déterminer les niveaux d’expositions à des perturbateurs endocriniens comme :
- Des phtalates (DEHP, DMP, DiNP, DiDP, etc …)
- Des bisphénols (Bisphénol-A, Bisphénol-F, Bisphénol-S)
- Des perfluorés (PFOA et PFOS)
- Des biocides (Triclosan, Permethrine, Firponil, Propiconazole, etc …)
Au total, ce sont plus d’une vingtaine de composés qui seront recherchés pour évaluer l’exposition des lycéens de la région Ile de France.
Ces substances sont malheureusement présentes dans de très nombreux produits de consommation comme les cosmétiques, les vêtements, les emballages plastiques…
Les élèves pourront d’une part prendre conscience de cette problématique et de leur propre exposition aux perturbateurs endocriniens, et d’autre part agir au quotidien pour limiter leur exposition à ces substances. Des flyers informatifs leur seront aussi distribués.
