Même en ville, les pesticides et les biocides sont bien plus courants dans les habitations que l’on pourrait le penser. En effet, plusieurs études ont déjà démontré que des insecticides et des fongicides contaminent les poussières de nos logements. Ce sont des biocides qui proviennent par exemple du traitement des animaux domestiques et des traitements du bois.
Qu’est-ce qu’un produit biocide ?
Un biocide est par définition une substance destinée à tuer les êtres biologiques, repousser ou encore rendre inoffensifs les organismes nuisibles à l’homme ou à ses activités. Ils sont utilisés pour des usages domestiques comme en milieu professionnel.
Ainsi on en retrouve dans des applications comme la conservation du bois, la désinfection, la lutte contre les rongeurs ou encore la désinsectisation. La plupart des biocides sont des substances dites actives et sont des produits chimiques toxiques. Ils peuvent être à l’origine de risques pour la santé des personnes exposées.
- Il existe actuellement 22 types de produits répartis en 4 groupes : les désinfectants principalement utilisés pour l’hygiène humaine ou animale, la désinfection des surfaces, la désinfection de l’eau potable…;
- les produits de protection principalement utilisés pour la (protection du bois, et des matériaux de construction… ;
- les produits de lutte contre les nuisibles principalement utilisés pour lutter contre les rongeurs (rodenticides), les insectes (insecticides) et comme répulsifs… ;
- les autres produits biocides qui sont par exemple des fluides utilisés pour l’embaumement et les produits antisalissures… ;
75% des ménages ont déjà utilisé des pesticides et des biocides dans leur habitation !
Selon l’ANSES, plus de 75% des ménages ont déjà utilisé des biocides. Les pesticides font malheureusement partie intégrante de notre quotidien. Appelés biocides lorsqu’ils sont utilisés en dehors de l’agriculture, ils sont omniprésents dans nos logements. On les retrouve dans les produits tels que les traitements pour animaux (antiparasitaires pour chiens et chats), les traitements contre les moustiques, les blattes et les punaises de lit, les traitements anti-poux, les produits d’entretien des jardins ou encore comme antimites.
Tous ces produits employés pour se protéger, ou protéger ses animaux ou ses plantes contaminent nos habitations avec des biocides et nous les respirons quotidiennement !
Une pollution persistante des logements
Les pesticides et les biocides se dégradent naturellement dans le milieu extérieur. La vitesse de dégradation est caractérisée par la période de demi-vie, c’est la durée pendant laquelle 50% de la quantité de substance s’est dégradé. Parfois les produits de dégradation sont plus nocifs que le pesticide lui-même.
La température, l’humidité ambiante, la présence de micro-organismes, les rayonnements solaires affectent la dégradation des polluants. À l’intérieur des logements, les pesticides se dégradent moins rapidement qu’à l’extérieur et les résidus d’un traitement peuvent être mesurés plusieurs années après l’utilisation. Ainsi les pesticides et les biocides contaminent durablement nos habitations.
Nos habitations sont-elles responsables d’une pollution des milieux aquatiques par des pesticides et des biocides ?
Selon energie-environnement.ch, environ 50 tonnes de biocides sont appliqués chaque année sur l’enveloppe des bâtiments. Nombreux sont ceux qui ont déjà utilisé ces produits pour éviter l’apparition de moisissures ou encore de mousses sur les façades de leur bâtiment. Des fongicides sont par exemple présents dans les peintures et des insecticides dans les produits de traitement du bois.
Mais sous l’effet de la pluie, ces produits sont directement dirigés vers les circuits des eaux usées et finissent dans les lacs et les rivières. Ceci augmente la charge de micropolluants dans les eaux naturelles et notre impact sur l’environnement.
Une information du public pas toujours à la portée de tous !
La DGCCRF qui est la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes vérifie chaque année plusieurs milliers de références destinées au grand public. Tous les produits biocides sont vérifiés avant leur mise sur le marché et chaque produit doivent respecter un cahier des charges défini par les autorités.
Le règlement européen « CLP » relatif à la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances chimiques et des mélanges dangereux, rend obligatoire un étiquetage conforme pour s’assurer de la bonne et complète information des consommateurs sur les dangers présentés par le produit et sur les précautions d’emploi.
Malgré tout, ces produits sont dangereux et le mieux est d’éviter leur utilisation lorsque c’est possible et de choisir ceux présentant le moins d’effets nocifs pour l’Homme et l’Environnement. Le choix des pesticides et des biocides utilisés dans nos habitations est donc particulièrement important.
Malheureusement, les informations concernant la présence de biocides dans des produits de consommation ne sont pas toujours renseignées. Il est également difficile pour un non spécialiste de comprendre ces informations et de connaître les risques pour la santé.
Quels sont les sources de pollution des habitations par les pesticides et les biocides ?
La pollution des logements par les pesticides et les biocides est principalement liée à plusieurs sources.
Un chat traité avec un produit insecticide va contaminer les lieux de la maison où il passe le plus de temps (canapé, literie…). L’utilisation de bombes aérosols, ou les diffuseurs, comme les produits antimoustiques, disperse les biocides dans l’environnement intérieur. Comme les molécules biocides sont peu volatiles, elles se déposent sur les surfaces, et imprègnent les meubles, les vêtements, les tapis et les revêtements de sol.
L’utilisation de literies anti acariens ou le traitement des punaises de lit a pour conséquence une pollution durable de notre chambre. Comme nous y passons en moyenne 1/3 de notre temps, l’air que nous y respirons en dormant contribue de façon importante à notre exposition.
Certains produits biocides ont des usages mixtes et sont également utilisés en agriculture. Ces pesticides sont appliqués par pulvérisation et transportés dans l’air extérieur dans nos domiciles.
Les pesticides agricoles sont très répandus dans l’air que nous respirons et les AASQA réalisent régulièrement des campagnes de mesure dans l’air ambiant.
Les biocides dans l’environnement intérieur sont souvent nécessaires pour préserver la santé humaine ou animale ainsi que les matériaux naturels ou manufacturés, mais leur toxicité et leur effet sur l’Homme et sur l’Environnement sont encore peu connus par la population.
Quels sont les biocides et les pesticides les plus courants dans les habitations ?
Plusieurs études ont été réalisées dans les logements français notamment par l’observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) et l’UFC Que Choisir. Ces organismes ont mesuré les pesticides et les biocides dans les poussières des habitations.
Les biocides les plus courants dans les bâtiments sont tout d’abord les insecticides comme le fipronil, le propoxur, la perméthrine et la cyperméthrine. Ils proviennent principalement :
- Des produits de traitement du bois contre les insectes xylophages
- Des literies contre les acariens et les punaises de lit
- Du traitement des animaux domestique
- Des produits contre les moustiques
L’utilisation d’insecticide à l’extérieur pour lutter contre les fourmis, les guêpes et les frelons peut se transférer vers l’intérieur du bâtiment.
Les fongicides comme le tébuconazole et le propiconazole sont également des polluants fréquents des habitations. Ils ont principalement pour origine :
- Les traitements des bois
- Les peintures
- Les traitements des moisissures
Comment tester la pollution de son habitation par les pesticides et les biocides?
Les résidus de pesticides et de biocides se concentrent dans les poussières des habitations. Leur analyse en laboratoire permet d’identifier et de quantifier les pesticides qui y sont présents.
Spécialisé dans l’analyse des pesticides, Kudzu Science propose un kit d’analyse de Pesticides Poussière. Il permet de mesurer jusqu’à 100 pesticides et biocides au sein d’une habitation. Le prélèvement se réalise avec un aspirateur domestique équipé d’un filtre fixé sur le tuyau de l’aspirateur.
Vos résultats d’analyse seront comparés aux données statistiques collectées par le laboratoire depuis 2014, en l’absence de valeur réglementaire pour évaluer un niveau de risque pour la santé. Vous pouvez donc désormais mesurer la pollution de votre logement par les pesticides et agir pour réduire votre exposition à ces produits toxiques.
